Fleurons des jardins méridionaux au XVIIIe siècle, puis de ceux de l’hexagone avant de voyager au-delà des frontières, le Vase d’Anduze a retrouvé depuis quelques décennies ses lettres de noblesses et, traditionnel ou revêtu des couleurs plus contemporaines, son attrait perdure au-delà d’un simple phénomène de mode.
Cette tradition séculaire a forgé un véritable mythe, nourri de belles histoires appartenant davantage au légendaire qu’à la réalité historique. Ainsi ce vase horticole serait contemporain d’Henri IV (1610) et aurait été inventé par un potier d’Anduze qui se serait inspiré de vases italiens de type Médicis, à décor de fruits et de guirlandes, vus en foire de Beaucaire.
Une autre légende prétend que des Vases d’Anduze ornaient les jardins de Versailles au temps du roi soleil. Malheureusement les comptes de la maison du roi ne mentionnent aucune commande à Anduze. En revanche les comptes des potiers Boisset et des tessons retrouvés sur place indiquent leur présence dans les grands jardins parisiens sous l’Empire. L’unique témoignage d’un vase daté de 1610 ne donnant aucune source, aucune description, aucune référence, semble plus que douteux. Déchiffrer une date sur un vase très ancien au vernis fortement dégradé est difficile et peut être source d’erreur.
Laurent Taves : Le vase d’Anduze et les vases d’ornement et de jardin, Bez et Esparon, 2006.
Nés au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, ce vase est certainement le fruit d’un « lent processus créatif par emprunts et interprétations » des potiers du Languedoc et de Provence[1] dans lequel s’inscrivent, peut-être un peu tardivement, des potiers d’Anduze. Les premiers de ces vases repérés, dont la provenance anduzienne est parfaitement établie, datent de 1728 et 1730 et appartiennent à la production des GAUTIER, famille de potiers de terre installée au cœur de la ville et dont la présence est attestée dans la région depuis le XVIe siècle.
Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, une autre famille de potiers émerge, ce sont les BOISSET. A l’origine de la dynastie se place Louis Etienne BOISSET qui a fait son apprentissage chez son oncle Gautier. A la fin du premier tiers du XIXe siècle les Boisset absorberont l’ancienne poterie Gautier.
Tout au long du XIXe siècle, l’activité est florissante et nombreux sont les potiers de la région d’Anduze dont la production fait apparaître des vases de jardin. C’est même une spécialité qui les distingue des autres productions languedociennes.
La réputation de ces vases, apparue avec les Gautier et les Boisset au XVIIIe siècle devient si grande au XIXe que,désignés sous le nom de Vases d’Anduze, ils vont envahir les parcs et orangeraies de la région mais aussi connaître un très vif succès dans les autres provinces. L’activité a toutefois décliné au début du XXe siècle. Seule la poterie Boisset installée à proximité du gisement de terre de la Baou, s’est maintenue malgré une interruption de quelques années. Avec un nouvel engouement pour ce produit artisanal relancé par les Boisset, dans la seconde moitié du XXe siècle d’autres entreprises ont vu le jour.
Aujourd’hui, La production artisanale du Vase d’Anduze dans le respect de la tradition, avec sa vêture originelle comme dans des colorisations créatives contemporaine reste fort active (9 poteries). Sa commercialisation est devenue mondiale. Forte de son histoire, de sa notoriété et de sa dimension culturelle elle participe fortement à l’attractivité touristique du territoire.